La concentration de la population et des activités humaines sur les littoraux est à l’origine de risques côtiers croissants. Alors que les deux tiers de la population mondiale vivent à moins de 100 km des côtes, cette « littoralisation » se renforce et les situations de risques se multiplient au contact d’aléas divers : érosion, submersion et inondation en tête. Longtemps, les rapports entre urbanisation et dynamiques naturelles du littoral ont été réglés par la construction d’ouvrages dits « de défense contre la mer ». Aujourd’hui, ces ouvrages sont remis en question tant pour leur coût financier et environnemental qu’en raison du sentiment de sécurité trompeur qu’ils procurent. En France, la tempête Xynthia de 2010 et l’érosion brutale de la côte aquitaine lors de l’hiver 2013-2014 ont révélé de façon dramatique la vulnérabilité des territoires littoraux, stimulant du même coup la recherche dans le domaine de la gestion des risques. Alors que les géographes pointent les aménagements comme l’un des principaux facteurs de risques côtiers, l’urbanisation non maîtrisée du littoral et du rétro-littoral témoigne d’une crise de modèle, renforcée par les effets du changement climatique. Explorant le contexte de France métropolitaine, cette thèse postule non seulement que la prise en compte des aléas littoraux dans l’aménagement peut faire modèle, mais aussi que l’architecte-urbaniste peut jouer un rôle-clé dans sa mise en œuvre, en lien étroit avec les géographes. Son hypothèse centrale est que face à l’attractivité croissante des littoraux, une réflexion qualitative sur leur épaisseur territoriale est indispensable pour atténuer les risques tout en revalorisant les paysages côtiers. En premier lieu, ce travail retrace les liens entre les modèles d’aménagement des 19e et 20e siècles et la dynamique littorale, mettant en évidence leur rôle dans la production des risques côtiers. Ensuite, l’analyse de cinq territoires côtiers, divers par leur géographie et leur urbanisation, met en évidence les stratégies contrastées aujourd’hui développées en France, des plus conventionnelles aux plus naturalistes : Le Barcarès, La Rochelle, Lacanau, Saint-Nazaire et Salin-de-Giraud (Camargue, commune d'Arles). Enfin, après en avoir tiré enseignements et lacunes, la troisième partie interroge la possibilité de mieux intégrer les édifices et les dynamiques naturelles à travers un renouvelle- ment des outils du projet urbain et architectural en milieu littoral.